mardi 2 février 2010

Compliments à une duègne

 

Compliments à une duègne
François Maynard (1582?-1646)

Cache ton corps sous un habit funeste;
 Ton lit, Margot, a perdu ses chalands
 Et tu n'es plus qu'un misérable reste
 Du premier siècle et des premiers Galants.

 Il est certain que tu vins sur la terre
 Avant que Rome eut détrôné ses Rois
 Et que tes yeux virent naître la guerre
 Qui mit les Grecs dans un cheval de bois.

 La Mort hardie et sous qui tout succombe
 N'ose envoyer ta carcasse à la tombe
 Et n'est pour toi qu'un impuissant Démon.

 Veux-tu savoir quel siècle t'a portée?
 Je te l'apprends. Ton corps est du limon
 Qui fut pétri des mains de Prométhée.
 
 
Didier Henry – Sept Poèmes De François Maynard: VII. Compliments À Une Duègne. Musique de Leguerney.

Et de la chair d'icele, & foible, & tremblotante